Oeuvres

East St. Louis Blues (2016)

Alessandro Ratoci + Biographie

pour piano et live electronic
Création mondiale

« East St. Louis, Illinois, est aujourd’hui une sorte de limbe, suspendue entre le statut de ville et la condition de désert urbain. Elle était autrefois un comté riche et florissant à l’avant-garde de l’économie et de la culture américaine. C’était aussi la ville natale d’artistes importants tels Miles Davis et Tina Turner. Son nom reste lié à plusieurs chefs-d’œuvre de la musique afro-américaine, spécialement à la pièce très connue de Duke Ellington, East St. Louis Toodle Oo. Après la crise du système industriel et ferroviaire du Midwest américain, la région est devenue une des zones urbaines les plus pauvres et dangereuses au monde. Aujourd’hui, le processus de désagrégation sociale est tellement avancé qu’il a transformé la ville en une sorte de « non-lieu » où la nature est en train de reprendre possession des espaces.
East St. Louis Blues est une œuvre pour piano et électronique inspirée par un voyage à travers ces terres désolées. La partition et les éléments de la partie électronique sont presque entièrement générés à partir de techniques de composition assistée par ordinateur (CAO) et spécialement par l’analyse et la transcription des spectres sonores tirés par les six premières versions enregistrées d'East St. Louis Toodle Oo de Duke Ellington. Ce choix est motivé par l’exigence poétique et esthétique d’absorber certains éléments stylistiques fortement connotés à travers leur dimension physique « objective ».  D’autre part, il s’agit de les observer à travers le filtre rationnel des processus de composition algorithmique en utilisant l’erreur et l’approximation comme moyens actifs d’élaboration musicale.
Dans le flux sonore continu du piano, il sera possible d’identifier parfois des références aux clichés typiques d’une certaine musique afro-américaine : le jeu rythmé du washboard (la planche à laver !), la couleur du banjo ou de la guitare dobro. Mais avant tout, l’auditeur est invité à se perdre dans un voyage imaginaire, à plonger dans un paysage sonore tendant à l’inorganique, au pollué, au résiduel.
Avec un peu de chance et une écoute attentive, on pourra repérer les traces d’une beauté perdue là où la plupart des gens ne voient que des ruines. »  (Alessandro Ratoci)

Concerts SMC Lausanne

Lundi 12 Mars 2018 (Saison 2017-2018)
Stefano Malferrari et Centro Tempo Reale
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