Oeuvres

Turn me on, dead man (2021)

Paul Clift + Biographie

En exploitant le backmasking, un procédé qui vise à inverser le sens d’écoute d’une bande, Paul Clift fait miroiter des bribes de mots, qui une fois assemblés, formeraient des phrases secrètes, pour rester à l’abri des regards. Popularisé par les Beatles (pensez à Rain, 1966), ce procédé d’inversion révèle le négatif sonore, qui paraît très éloigné de l’original. Dans Turn me on, dead man, c’est avec une certaine ironie que le compositeur rend hommage aux défenseurs des théories du complot. En effet, aux Etats-Unis au cours des années 1980, des groupes chrétiens affirmaient que des satanistes envoyaient des messages cryptés par de tels procédés.
Chez Clift, aux sons s’ajoutent des projections vidéo doublement inversées – quant à leur chronologie et à leur orientation. Tantôt ralenties, tantôt accélérées, elles accentuent la perte des repères sensoriels entretenue par l’inversion. Elles tendent à créer un continuum rétroactif, qui avalerait le temps, sans que nous puissions savoir si les directions spatio-temporelles y existeraient encore. Sommes-nous encore capables de discernement ? Finalement, la voix vient colorer la crête de ces réverbérations ondulatoires, parfois modifiée électroniquement pour continuer le rêve éveillé.

Christophe Bitar

Concerts SMC Lausanne

Lundi 25 Avril 2022 (Saison 2021-2022)