Quadri 2.0 (2023)

« Autant dans la peinture que dans la musique, il ne s’agit jamais d’illustrer ni de commenter, mais de trouver des parallèles et s’inspirer des techniques de chaque medium, par des allers-retours enrichissants de part et d'autre. » A la fois peintre et musicien, Olivier Cuendet travaille sur les gestes communs aux deux activités. Dans Quadri 2.0, il y a eu un écho intéressant entre les deux arts. S’inspirant des Variations « eroica » op. 35 de Ludwig van Beethoven (1802), il a créé une série de tableaux « en reprenant le rythme et le geste » du texte musical original.
A partir de ces tableaux, un retour vers le medium musical s’est opéré. En effet, face à la série picturale, l’ensemBle baBel et lui-même ont improvisé une musique. Olivier Cuendet l’a ensuite notée en réutilisant les techniques plastiques présentes dans la série de tableaux. Ce processus d’aller-retour nous rappelle que les techniques de collage et de superposition sont à la fois des procédés plastiques et musicaux, et que les notions de hasard ou d’épaisseur ont un sens dans les deux domaines. Quadri est né des coexistences créatrices qui permettent de faire dialoguer les arts entre eux.
Tandis que Quadri a d’abord été composée pour un seul soliste improvisateur et orchestre, dans la version 2.0, l’ensemBle baBel est à la fois soliste et tuttiste, car, par « rotation » des rôles, chacun devient soliste. « Alors que la partition de l’ensemble est complètement fixée, écrite et souvent relativement statique, à la manière des papiers peints dans certains tableaux de Matisse, le soliste, lui, improvise librement, ajoutant sa propre dramaturgie à la partie écrite, la "salissant", l’animant » décrit Cuendet. La richesse de la pièce paraît alors dans les interactions entre ce qui est prévu et ce qui est improvisé.
Texte: Christophe Bitar