Concerto(s) (2024)

Tout l’art de l’improvisation consiste à apporter un cadre suffisant à la libre expression des improvisateurs en présence. Dans Concerto(s), l’ensemBle baBel invite des musiciens et musiciennes à jouer de concert à partir d’une grille de 25 cellules préétablies. Lors de l’exécution, l’ordre de ces cellules n’est pas prédéfini. Elles peuvent intervenir dans n’importe quel ordre selon les aléas de la performance. Cette part d’imprévu permet « des ruptures, de rapides changements emmenant vers des territoires connus, qui permettent ensuite des développements, des libertés. » Ce cadre offre à l’artiste concertiste une assise structurante qui lui permet d’exaucer une « sorte de fantasme du musicien soliste », dont l’interprétation personnelle serait telle qu’elle ne serait qu’improvisation. La texture de l’improvisation évolue ainsi entre des sections particulièrement tactiles, marquées par des cliquetis créés par les clefs des bois, et d’autres quasi-translucides, éthérées, nourries de sons limpides.
Composée en 2015, Concerto(s) a connu plusieurs versions avec des improvisateurs-rices différentes. S’articulant autour d’un pavage de cellules commun mais exploité aléatoirement, les différentes versions de la pièce ont des visages différents tout en restant frères et sœurs. L’ensemble écrit à ce propos : « si le vocabulaire général est semblable d’une version à l’autre, la forme et l’énergie sont à chaque fois différentes, en dialogue et réponse avec les solistes. » Reprise en 2019, elle s’articule toujours sur les cellules originelles. En juin 2021, alors que l’ensemBle baBel est en résidence à la Villa Moyard de Morges, véritable laboratoire d’artistes contemporains, ils travaillent avec Charlotte Hug et ajoutent de nouvelles cellules à celles d’origine. C’est à partir de ce matériau augmenté que s’articulent désormais les exécutions de la nouvelle version de Concerto(s).

Texte : Christophe Bitar