Hélium (2011)

« J’avais envie d’une musique aérienne, transparente et légère comme un gaz rare. » Voilà l’esthétique que souhaite transmettre Claire-Mélanie Sinnhuber au travers des vapeurs de l’hélium, le gaz parfait le plus simple, composé de deux protons, deux neutrons et deux électrons. Cette construction deux par deux, on la retrouve dans l’écriture elle-même, où le piano et clarinette jouent de pair et tiennent une place importante au sein du quatuor. Cet « étrange duo » se démarque par son contraste. Alors que le piano est tournoyant, irisant un large spectre de textures, la clarinette se fait plus discrète, onirique, d’une âme « lointaine et transparente » lit-on sur la partition, quitte à évoluer par quarts de tons.
En arrière-plan, jouent la flûte et le violoncelle qui accompagnent l’action menée par les principaux protagonistes. Toutefois, ils restent fondamentaux dans la narration aérienne de la pièce. La compositrice les compare au « waki », qui, dans le théâtre Nô, joue un personnage secondaire – le terme signifie en lui-même « côté » – nonobstant son importance dans la mise en valeur du « shite », le personnage principal. Enfin, deux derniers instruments apparaissent, tels les deux électrons de l’élément chimique : les appeaux de huppe et de tourterelle.
Texte : Christophe Bitar