Oeuvres

Winter Fragments (2000)

Tristan Murail + Biographie

pour ensemble et éelctronique

Créés à l'occasion des Concerts d'hiver et d'aujourd'hui les Winter Fragments, écrits en 2000, font appel à un petit ensemble de musique de chambre : flûte, clarinette, violon, violoncelle, piano, clavier Midi et ordinateur. Les sons de synthèse, gérés par le logiciel Max et stockés dans un disque dur d'ordinateur sont déclenchés par le clavier de commande. De nombreuses verticalités dans l'écriture demandent une synchronisation parfaite entre les deux claviers, justifiant le concours d'un chef malgré l'effectif réduit.
Murail nous donne à voir dans ces fragments sonores, des instantanés d'hiver. Des instants statiques figurent le caractère figé des paysages sous la neige. Comment ne pas penser à ces quelques tableaux de Bruegel (Les chasseurs dans la neige, Paysage d'hiver) aux coloris très sobres, blanc-noir-gris, dans lesquels le peintre traduit avec talent l'univers sourd, cotonneux, de la saison morte. A l'inverse du bois flotté, c'est ici le craquement du bois mort, la brisure de la glace, qui donnent à la musique ce caractère fragile. Composée de cinq grandes sections, l'oeuvre débute par une attaque de piano doublée d'une résonance de cordes micro-tonales. Des silences alternant avec des cris en échos rendent l'espace sonore inquiétant. La flûte, dans le lointain, lance sa première plainte. La répétition insistante de ces éléments pendant toute la première section contribue à accentuer l'aspect statique et mystérieux du discours musical. La seconde section, en rupture avec le temps lisse du début, met en valeur les cordes en pizzicato dans un espace résonnant du piano. Les relations entre les timbres instrumentaux et les sons re-synthétisés commandés par le clavier sont fusionnelles dans la section 3. Une parfaite synchronisation entre le piano, la flûte, la clarinette et la synthèse donne, à travers des cascades de traits homorythmiques l'illusion d'un timbre unique. La section suivante apparaît comme un condensé des deux précédentes. Le motif initial de flûte, tel un appel, fait des apparitions sporadiques tout au long de la pièce. L'oeuvre est construite semble-t-il selon le concept de réminiscence. Les sections 3 et 4 débutent de la même manière. Certains éléments de la section 1 sont présents dans la 5. Ainsi la coda rassemble tout le matériel déjà entendu, dans l'idée d'un objet fractal. La peinture musicale d'une saison, chère à un grand nombre de compositeurs au cours de l'histoire a trouvé en ce début du XXIe siècle une nouvelle expression dans ces "fragments d'hivers" traduits avec une richesse sonore et une sensibilité rares. (www.tristanmurail.com)

Concerts SMC Lausanne

Lundi 01 Mars 2010 (Saison 2009-2010)
Ensemble Contemporain du Conservatoire de Lausanne
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