mornings become yellow ringing blue circles (2024)

Les cloches, au spectre harmonique particulier, ont inspiré plusieurs compositeurs au XXe siècle, cherchant à recréer par d’autres moyens, la complexité spectrale de ces instruments. Pensez par exemple au tintinnabulisme d’Arvo Pärt (né en 1935). Dans la partition de Micha Seidenberg, les cloches irisent l’entier de l’œuvre, qu’elles soient réelles (sous la forme de cowbells par exemple) ou métaphoriques. Il s’intéresse tout autant à leurs harmoniques qu’au fait qu’elles représentent un marqueur rythmique de la vie quotidienne. Pour cela, il s’est inspiré de deux cloches d’églises voisines de chez lui ainsi que d’un projet d’art public : Zeit im Wandel d’Olga Titus, sur l’église Bullinger de Zurich. Cette œuvre a remplacé le cadran horloger par un disque sans chiffres dont la couleur change selon l’heure et la météo en suivant un nuancier de couleurs.
Seidenberg a effectué de nombreux enregistrements sur le terrain et comparé l’analyse spectrale avec celle des couleurs du disque ; il a trouvé de nombreuses correspondances entre elles. Pour retranscrire cette relation, il emploie des sons synthétiques qui sont enclenchés par la batterie. Ceux-ci prolongent la résonnance des autres instruments, à la manière des cloches qui font résonner leur environnement. On obtient alors un ballet entre les différents types de cloches, imaginaires ou réelles, et les différentes gestuelles humaine ou artificielle.
TExte: Christophe Bitar